Une banane qui avait trop longtemps vu le soleil,
S'en vint à finir son temps sur le sol surchauffé.
Un bulbul à la vue et l'odorat sans nul autre pareil,
Comme le renard de la fable, par l'odeur alléché,
S'en vint sans plus attendre, goûter la merveille.
Un martin, ce rustre gueulard, prétentieux et arrogant,
Attiré lui aussi par ce festin mirobolant sur le sol servi,
D'un cri strident chassa le bulbul sans prendre de gants.
Et s'approchant se demandait si sa faim serait assouvie.
Voyant alors que la chose était possible, sa dulcinée il appela.
La donzelle, tout aussi gouailleuse que son compère,
Sur la banane moelleuse et grassouillette à souhait grappilla,
Tandis que son coquin, sur les environs, jetait un oeil expert.
A l'instar de la grenouille amoureuse d'un énorme boeuf,
Le prétentieux volatile , pour les amateurs de banane effrayer,
Se gonfle, tant et plus, joue de la voix afin de les tous écarter,
Pendant que sa chérie gobe du fruit comme on le ferait d'un oeuf.
Soudain du lointain, bosquet de bougainvillier, jailli un cri !
Un cousin du prétentieux volatile signale une mangue éclatée,
Un met bien plus délicat que cette banane à demi pourrie.
Sans perdre de temps la famille martin s'envole sans trainer.
Le patient bulbul non loin perché sur un frangipanier
Tranquillement revint, et sa délicieuse banane il put terminer.
Moralité:
Si tu veux avoir la banane, laisse les prétentieux, arrogants et criards jacasser,
Quand de leurs bruyantes fanfaronneries ils en auront terminé et se seront lassés,
Ton chemin souriant, pétillant et loin de leur fourberie tu pourras continuer.